25 juin 2019

Les plateformes d’innovation et les open labs : pour créer et innover ?

 

C’est le sujet d’une étude exploratoire intéressante, menée en 2018 par l’Innovation Factory, un réseau d’entreprises françaises oeuvrant pour l’innovation dans le numérique. Via son modèle d’innovation collaborative, l’Innovation Factory propose entre autres, de faire travailler les étudiants de son Ecole, des entreprises et des start-ups sur des projets d’innovation apportés par les uns ou les autres.

Son étude porte sur le développement des plateformes d’innovation en France et en Asie. L’Asie prend une part croissante dans l’économie mondiale. Ce qui l’a amenée à adopter une démarche d’innovation particulière. D’où l’intérêt de la comparaison, pour comprendre sa démarche et détecter des opportunités d’innovation pour les entreprises françaises.

Que nous apprend cette étude ?

 

Ce que sont les plateformes d’innovation et les open labs :
  • Les plateformes d’innovation se développent partout dans le monde et sont le reflet de la transformation socio-économique liée à la digitalisation de l’économie.

Elles peuvent prendre le nom de « tiers-lieux, incubateurs, accélérateurs, fablabs, makerspaces, espaces de co-working ou encore espaces collaboratifs… » En France, on citera Thecamp, Les Garages xyz, The Family, Station F…

Les plateformes d’innovation se structurent autour de 3 dimensions : un lieu physique, une communauté et un portefeuille de services qui s’adapte vite. Il n’existe pas de modèle unique. Elles sont différentes selon leurs modèles d’affaires, leurs partenaires (publics/privés), leurs statuts juridiques et le choix de leur portefeuille de services. En France, elles agissent comme des accélérateurs de l’innovation en étant à la fois des « apporteurs de contenus » et des « apporteurs de mise en réseau ». Elles permettent de casser les silos au sein des écosystèmes.

  • Dans les grandes entreprises, quel que soit le secteur d’activité, se sont développés les « open labs », pour les accompagner face aux nouveaux défis de l’innovation, à l’ère de l’accélération digitale. Ces open labs ont des pratiques de gestion de l’innovation similaires aux plateformes d’innovation mais elles restent juridiquement une entité de l’entreprise.

 

Leurs missions :
  • En France, les plateformes d’innovation peuvent couvrir trois types de missions : business oriented, social business oriented et not for profit. En Asie, les plateformes d’innovation sont principalement business oriented et social business oriented.

En Chine, les plateformes d’innovation visent surtout l’émergence de nouveaux marchés ou le développement économique de zones géographiques, par l’urbanisation ou le rattrapage de certaines régions moins développées. Dans les autres pays asiatiques, elles se focalisent à la fois sur les enjeux sociétaux et économiques. La démarche sans but économique apparaît plutôt comme une spécificité française.

  • Pour les open labs, 3 missions sont identifiées : développer de nouvelles capacités internes d’innovation, développer un nouvel écosystème d’innovation aligné sur les enjeux futurs de l’entreprise, participer à la gestion du changement interne de l’entreprise.

En France, les open labs sont davantage orientés sur le développement de nouvelles capacités internes d’innovation et la gestion du changement. En Asie, sur l’animation de nouveaux écosystèmes d’innovation et notamment le sourcing de startups.

 

Les pratiques de gestion de projets d’innovation et le management des communautés sont équivalentes en France et en Asie. Comme l’utilisation de méthodes de créativité (par exemple, le design thinking) et de la co-création.

Les communautés regroupent des profils divers (entrepreneurs, salariés, étudiants, institutions publiques ou associations), pour permettre le développement de nouveaux processus d’innovation.

Le lieu physique, convivial, ouvert, a une place essentielle, pour assurer des relations de proximité entre équipes sur un projet.

 

Les services accessibles :
  • En France comme en Asie, les services proposés par les plateformes d’innovation concernent,
    – l’accès aux marchés
    – les investissements requis pour gérer le changement d’échelle
    – l’accompagnement du changement de pratiques managériales pour passer du mode « startups » à celui d’entreprise
    – le soutien à l’industrialisation et les étapes nécessaires à la vente sur un marché « global » ou « glocal »

En France, les services liés à l’industrialisation se sont développés plus tardivement qu’en Asie.

L’offre de services s’appuie sur des stratégies différentes. En Asie, on a plutôt une tendance à l’intégration de tous les services au sein de la même plateforme. En France, la tendance va plutôt vers un mix de services, délivrés par la plateforme elle-même et par ses partenaires pour offrir un éventail complet de prestations à l’entreprise.

  • En France, beaucoup d’open labs gèrent des programmes d’intrapreneuriat, avec de grandes attentes au sein des entreprises. En Asie, les open labs sont souvent très présents dans l’accélération de startups en lien avec les marchés ou les portefeuilles de produits/ services de l’entreprise.

L’enjeu est la capacité à aligner rapidement le projet de la startup avec les attentes des business units de l’entreprise. L’open lab contribue à l’évolution de l’entreprise car il permet de gagner en réactivité et flexibilité, pour prendre rapidement des décisions, sur une preuve de concept, sur la poursuite d’une collaboration avec une startup ou sur une commercialisation conjointe. Le rythme de l’innovation et la vitesse d’exécution des projets sont plus réactifs en Asie qu’en France, et c’est sur ce point que la comparaison est la plus marquée.

La dynamique de la globalisation :
  • C’est une tendance très forte en Asie pour les plateformes d’innovation, bien plus qu’en France :

A cause de l’effet taille de la Chine ou de l’Inde, les projets d’innovation voient plus vite, plus grand et « global », qu’en France. Et en raison des spécificités culturelles et linguistiques, les plateformes d’innovation en Asie sont souvent un moyen qui va au-delà du test ou de la montée en maturité d’un produit ou d’un service. C’est un moyen d’apprendre le marché local, ses codes économiques, juridiques, comportementaux. Les plateformes sont un point de passage les entreprises étrangères qui veulent intégrer ces marchés.

On y voit l’émergence de plateformes d’innovation globales, qui gèrent des activités et services sur plusieurs continents. Une particularité en Asie, pas en France malgré l’existence de « méga-plateformes ». Ces plateformes fonctionnent souvent avec des coopérations, aux États-Unis, en Chine, en Inde et aussi en Europe.

On y trouve aussi des réseaux de plateformes d’innovation qui servent à la détection des meilleures opportunités d’innovation. C’est une autre particularité de la Chine. Elle mobilise, ou crée en adhoc, des plateformes d’innovation globales pour faire du sourcing stratégique de startups et servir des objectifs de dynamisation de ses régions. Ces initiatives sont gérées en lien avec des pouvoirs publics locaux ou centraux. Cette démarche semble pour l’instant concerner que la Chine (avec les États-Unis, niveau monde).

Récemment, les plateformes d’innovation françaises ont commencé à internationaliser leurs activités. Mais la dynamique est faible par rapport aux États-Unis ou à la Chine. Avec leurs moyens qui impacteront sûrement les écosystèmes de startups en France dans un futur proche.

  • Pour les open labs d’entreprises, leur enjeu est d’articuler les deux niveaux, local et global, pour servir la stratégie globale de l’entreprise. 

Ces démarches sont déjà pensées de façon « glocale » dans les grandes entreprises asiatiques présentes sur le marché mondial. Elles sollicitent des startups pour participer à leurs activités depuis le monde entier. Ou bien, elles motivent des entreprises européennes, françaises notamment, qui s’installent en Asie, à bénéficier des dynamiques locales. La dynamique de globalisation portée par les grandes entreprises françaises existe. Mais elle est plus récente, avec un périmètre encore limité…

 

Les plateformes d’innovation vont sans doute « booster » les petites/moyennes entreprises, pour innover plus rapidement et se lancer à l’international. Les open labs peuvent eux aider les grandes entreprises à gérer l’innovation et leur développement à l’étranger. Pour une compétitivité plus juste et plus de progrès, dans un nouveau monde collaboratif ? L’avenir nous le dira.

 

Vous avez un projet d’innovation produit/service, vous souhaitez tester un concept, évaluer votre produit/service ? Contactez-nous.
Nous serons ravis d’échanger avec vous, pour vous proposer une méthodologie d’étude et un accompagnement sur-mesure tout au long de votre projet.

L’Equipe LDB Mica Research

 

Sources :
– Les open labs plus disruptifs en Asie qu’en France
– Créer et innover aujourdhui en France et en Asie
– Etude Innovation Factory

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